mercredi 20 novembre 2013

Le gaz de schiste


Dernièrement, j'ai vu un documentaire percutant et lu des articles inquiétants sur le gaz de schiste. C’est ce qui m'a amenée à me questionner sur cet enjeu social d'envergure : devrait-on laisser le gouvernement nous imposer ce modèle pétrolier et gazeux, comme nos voisins de l'Ouest et des États-Unis, pour une simple question d'argent? Personnellement, je crois que non, le contraire serait complètement insensé. Je m’oppose donc à cette exploitation pour des raisons environnementales et à cause des impacts physiologiques que cela peut apporter.


Mise en contexte

Le gaz de schiste est en fait un gaz naturel formé profondément dans les sous-sols de la terre. Il s'agit de gaz emprisonné dans une roche sous forme d'argile. L'extraction de gaz de schiste est difficile et couteuse. Cela consiste à utiliser des techniques de forage à l'horizontale. La fracturation hydraulique est un processus dans lequel de l'eau et des produits chimiques sont injectés avec pression dans les roches pour les fracturer afin de récolter le gaz libéré. Ces techniques sont reconnues pour être extrêmement dommageables pour la santé et l'environnement.


En premier lieu, une des raisons pour laquelle je crois que l'extraction de gaz de schiste devrait être bannie est que les répercussions environnementales sont irréversibles. Commençons par la quantité phénoménale d'eau que cela exige pour seulement un puits. Pour la fracturation, le forage d'un puits nécessite 11 millions de litres d'eau douce. Selon le ministère des Ressources naturelles, le prélèvement d'un important volume d'eau dans les milieux naturels, même sur une courte période de temps, pourrait avoir des effets irréversibles sur les écosystèmes aquatiques et humides. Les impacts risquent d’affecter également les puits d'eau potable et les systèmes d'irrigation agricole. Plus de 850 composés chimiques et toxiques sont utilisés dans la fracturation hydraulique, les risques de contamination et de fuite sont nombreux. Les effets que cela aura sur nos fleuves, rivières et lacs seront irréparables. Les puits de schiste ont presque toujours des fuites, ce qui est très dangereux. Les fuites et les débordements de fosses peuvent entraîner une pollution des sols et de l'eau. L'eau potable peut être contaminée par plusieurs produits chimiques, toxiques et même radioactifs comme de l'arsenic, du méthane, du mercure et des centaines d'autres produits nocifs. Sans compter que 50 % des agents nocifs reste sous la terre et vont dans nos cours d'eau et l'autre 50 % s'évapore dans l'air ambiant. Ensuite, l'extraction de gaz de schiste contribue à la formation de smog et de pollution dans l'air ce qui contribue fortement aux changements climatiques. Le raffinage de gaz de schiste est considéré comme un puissant gaz à effet de serre vingt fois plus dommageable que le dioxyde de carbone. De plus, les citoyens qui demeurent près des sites de forage sont pris avec des problèmes de pollution sonore et lumineuse, car le forage se fait 24 heures sur 24.

 

Deuxièmement, le forage de gaz de schiste a des répercussions lourdes sur la santé. L'eau contaminée ingérée peut avoir des conséquences dramatiques, voire mortelles sur la personne. Les produits chimiques qui sont utilisés lors de la fracturation hydraulique peuvent nuire fortement à l'organisme de l'homme, même s’ils sont absorbés en très faible quantité. L'eau contient de l'arsenic, de l'acide citrique, du benzène de l'uranium et du radon pour ne nommer que quelques produits. De nombreux témoignages touchants et percutants de personnes qui habitent près des lieux de forage ont confirmé les craintes: la vie des gens est en danger. Les gens qui demeurent près de puits de schiste sont pris avec des problèmes importants : l'eau et l'air sont complètement pollués. Ils ne peuvent plus boire l'eau du robinet, ni se laver, ni faire la vaisselle, ni faire de lessive, les besoins les plus essentiels sont supprimés en totalité. Ils ne peuvent plus sortir à l'extérieur sur leur terrain, car l'odeur du benzène est omniprésente et les composés organiques dans l'air peuvent causer le cancer. Les gens qui respirent constamment le même air près des puits de schiste et de même que ceux qui en ont ingéré l'eau sont à risque de souffrir d'étourdissements, de migraines, de gonflement des jambes, de nausées, d'asthme, de perte de connaissance. Dans les pires cas, les gens souffrent de lésions au cerveau, de cancers des poumons, cancers des intestins, etc. Avec le temps, même leur odorat et leur gout finissent par être bousillés. La qualité de vie des gens est radicalement brimée, et ce, à cause des pétrolières qui sont avides d'argent.

Certaines personnes diront que le forage de gaz de schiste est bon pour l'économie et le développement durable au Québec. À cela, je réponds que le Québec, ainsi que le reste du monde, est capable de faire une transition écologique de l'économie. Une des solutions est de se tourner vers le développement durable en mettant en valeur notre potentiel énergétique. Le biogaz est un gaz naturel constitué de déchets organiques, d'eaux usées, de purin, de fumier et de déchets de poissonneries. Tout ce qui est organique et non linéaire peut être utilisé et valorisé en gaz naturel sans les inconvénients du gaz de schiste. D'autre part, le biogaz peut être capté dans les sites d'enfouissement limitant ainsi les émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre. Nous améliorons aussi la qualité de l'air en détournant les déchets organiques, on réduit le besoin d'agrandir les sites d'enfouissement. En prime, nous héritons de compost de très grande qualité qui peut revenir sur nos terres agricoles. Cela génère des profits publics. L'industrie du gaz de schiste n'a rien de durable, non seulement il détruit notre environnement, mais il ne rapporte rien au Québec, car généralement, ce sont des compagnies étrangères qui récoltent les profits. Le plus intéressant dans le virage vert de notre économie est que l'alternative est moins risquée, plus porteuse d'emplois, moins invasive et meilleure pour la santé. D’ailleurs, il faut noter que, dans le monde depuis 2010, il y a plus d'investissements dans les sources renouvelables que dans  l'hydrocarbure.


Pour finir, je crois toujours que le forage de gaz de schiste devrait être banni. L'industrie du gaz de schiste n'a rien de durable, il détruit notre environnement et la santé des gens. L'efficacité énergétique n'a que des impacts positifs, du point de vue environnemental et économique. Il ne faut pas se leurrer devant les compagnies gazières. C'est notre responsabilité de faire du Québec une province à l'économie verte.
 
Marie-Ève Morin